Feu la nuit

Image de Elisabeth Bard, Série Pulsé


Sélectionnée par le festival La Mousson d'été, cette pièce de théâtre est enregistrée en public par France Culture, dans une réalisation de Pascal Deux et diffusée le 6 septembre 2020 dans l'émission Théâtre et Cie.

Pièce lauréate du prix du festival Primeurs de Sarrebrück, traduite en l'allemand par Mira Lina Simon.
 
Feu la nuit a été sélectionné par le comité de lecture de la Comédie de Caen afin de figurer dans le second numéro de la revue La récolte. Huit comités de lecture - avec le soutien de la SACD - ont sélectionné huit textes qui seront présentés au sein de cette revue éditée par les éditions Passage(s).

Dans la revue La récolte, Feu la nuit est accompagné d'encres de Elisabeth Bard, issues de sa série "Pulsé". Dans le cahier, figure également un entretien mené par Simon Grangeat avec Magali Reghezza, géographe.


Feu la nuit
Dans un lotissement près d'un lac, une jeune fille, Nina, attend sa mère qui rentre de plus en plus tard. Depuis leur maison, elles peuvent voir la plage en contrebas, les rares allées et venues des promeneurs. Elles espèrent vendre et partir. Artavazd et Victor, deux amis de Nina, livrent à vélo les habitants du quartier. Ils sillonnent les environs, s'arrêtent parfois chez elle. Tous les trois ont connu Linda, partie subitement vivre à l'étranger quelques temps auparavant. Les journées passent, rythmées par des disputes, des souvenirs de baignades lointaines, des fragments de leurs enfances. Un matin, une méduse s'échoue sur la plage du lac. Quelques jours après, elles se sont multipliées. 


"Artavazd : Nina, regarde. Les promeneurs, les clients à vif, le billet à la main, arrêtés comme un jouet sans batteries. Regarde autour de moi, les prairies rouges, tous les échos, les cris dans les hôpitaux et ma mère qui demande l'heure à l'infirmière de nuit. Elle tousse encore et dit que ce n'est rien. Regarde autour de moi ce que je vois. Tous les corps tombés. Allumez vite la peau des hommes, couvrez les morsures et les verres cassés. Linda avait des mains de glace et une manière d'être inattentive aux dénivelés des routes. J'ai vu la cruauté sous la peau des filles, dans leur robe en métal, la nuit comme sortie d'un tube de peinture, les feux bientôt éteints."